Même si vous êtes un néophyte dans les cryptomonnaies, vous avez forcément entendu des mineurs de Bitcoins, ces personnes qui utilisent des machines extrêmement puissantes et gourmandes en énergie, afin de résoudre des problèmes mathématiques, et potentiellement empocher des récompenses en Bitcoin.
Mais peut être que vous n’êtes jamais entré dans le détail, pour réellement comprendre comment cela fonctionnait concrètement. Aujourd’hui, je souhaite donc vous expliquer simplement, Comment fonctionne le minage de Bitcoin, et quelle était la vision de Satoshi Nakamoto, le créateur du Bitcoin, afin de sécuriser le réseau sur le long terme.
Ainsi, dans cet article, vous comprendrez plus en détails comment Satoshi Nakamoto a eu l’idée d’instaurer cette « preuve de travail », comment le minage de Bitcoin fonctionne concrètement, comment le réseau est sécurisé, et comment un « bloc » ajouté à la blockchain est réellement créé.
Le minage de Bitcoin, un algorithme complexe qui sécurise les transactions
Reprenons les bases du fonctionnement de Bitcoin. Puisque celui ci est décentralisé, il ne peut pas compter sur une structure centralisée pour gérer les transactions entre particuliers, comme pourrait le faire votre banque, lorsque vous faites un virement.
Et puisque il n’y a aucune personne à la tête de Bitcoin, il n’y a personne pour décider au fur et à mesure de qui va gérer le réseau, ou les transactions.
Pour que tout fonctionne, Satoshi Nakamoto, le créateur du Bitcoin, a réfléchi à un concept qui pourrait être totalement autonome, et se réguler naturellement. Une idée qui permettrait d’inciter les gens à venir gérer et sécuriser le réseau d’eux même, via un système de récompenses, mais également des pénalités pour ceux qui souhaiteraient ne pas respecter les règles du jeu. Un système qui serait capable de s’adapter à la taille du réseau, afin qu’il puisse grandir en autonomie.
Ainsi, Satoshi Nakamoto, a voulu volontairement instaurer une récompense, mais également « un coût », à quiconque souhaiterait activement participer au réseau. Un système autonome, mais juste, qui force les individus participant au réseau à fournir une preuve de travail, tout en respectant les règles, afin d’en être récompensés.
Les origines du « proof of work »
Cette idée s’inspire d’un concept initialement prévu pour nos boites mail, et de la lutte anti spam. Lorsque internet s’est développé, avec nos boites mail, est aussi né ce que l’on appelle le spam. Que ce soit des arnaques, ou de la publicité massive, il était très facile pour des personnes malintentionnées, ou insistantes, d’envoyer des quantité astronomiques de mail, en un rien de temps.
Pour lutter contre ce phénomène très contraignant pour les utilisateurs, certains développeurs ont envisagé d’instaurer un coût financier, dérisoire, pour chaque mail envoyé. Ainsi, si vous n’envoyez que quelques mails par jour, cela ne vous impacterait pas, mais si vous êtes un « spammer », cela peut vite devenir un problème, et donc rendre votre activité de spam non rentable.
Cette idée fut abandonnée car trop complexe à mettre en place, vis à vis du paiement et de la collecte de l’argent. Mais l’idée derrière fut améliorée.
Naissance de Hashcash
Adam Back, un cryptographe et cypherpunk Britannique, proposa à la fin des années 1990, de remplacer la notion de coût financier par un coût en calcul informatique. Ce fut donc la naissance de Hashcash, un algorithme qui ajoute automatiquement un hash cryptographique à chaque mail, forçant l’ordinateur émetteur à réaliser des calculs informatiques pour le résoudre, et ainsi valider l’envoi du mail.
C’est un peu comme si vous deviez vous même manuellement résoudre une petite opération mathématique de type 6 x 3, pour chaque email envoyé. Cela ne représente rien si vous envoyez quelques mails par jour. Mais si vous décidez d’envoyer subitement 1500 mails, cela devient très vite contraignant.
C’est la même logique pour votre ordinateur. Ce hash cryptographique ajouté à chaque mail a besoin d’être décrypté par votre pc afin qu’il puisse envoyer le mail. Le décryptage a donc un coût en ressources pour le CPU (processeur) de votre ordinateur. Ce coût est dérisoire pour l’envoi d’un seul mail, mais devient extrêmement problématique à grande échelle. L’ordinateur n’étant plus capable de gérer autant de demande en termes de ressources informatique, il va donc se mettre à ralentir, et par surcharge de travail, ne plus fonctionner correctement.
C’est donc cette idée initiale de « proof of work« , dont s’est inspiré Satoshi Nakamoto, pour protéger son réseau Bitcoin efficacement.
Pour participer au réseau, vous devez donc réaliser une preuve de votre travail, par ces calculs informatiques, gourmands en énergie.
La preuve de travail de Bitcoin
Dans ce paragraphe, nous allons nous plonger dans la simulation d’une validation d’un bloc de transactions sur le réseau Bitcoin pour bien comprendre comment cela fonctionne.
Comme vous le savez probablement, la blockchain Bitcoin est comme son nom l’indique, une suite de blocs. A l’heure où j’écris ces lignes, la blockchain est longue de 789 225 blocs, mis bout à bout, comprenant absolument toutes les transactions réalisées sur le réseau depuis le 1er jour, le 3 janvier 2009 18:15 UTC. Voici un aperçu ci dessous des derniers blocs ajoutés :
Vous le savez peut être, mais la blockchain complète est présente entièrement sur chaque nœud du réseau. Les nœuds sont ces ordinateurs qui vérifient les transactions afin de s’assurer que personne ne triche. On compte actuellement environ 46 000 nœuds partout à travers le globe, répartis dans plus de 130 pays différents. Tout nœud qui essaierait d’ajouter des transactions frauduleuses serait rejeté par les autres et donc exclu du réseau.
Et pour faire fonctionner ces nœuds, chaque personne doit télécharger la blockchain sur son pc personnel. Cela représente beaucoup de données. Au 11 mai 2023, elle représente 479 Go.
Cela représente, pour entrer dans le détail, 789 225 blocs, qui pèsent entre O.5 et 1 Mo. chaque bloc contient entre 2000 et 4000 transactions qui pèsent individuellement 256 bits chacune. Pour rappel, les bits sont la plus petite unité de mesure qu’un ordinateur est capable de mesurer et stocker.
La fonction de hashage cryptographique
Si l’on retourne sur le tableau présenté plus haut, on constate un certain nombre d’informations à propos de ces blocs, et notamment la fonction de hash, en deuxième colonne. Ce hash est le résultat d’un hashage algorithmique des informations contenues dans le bloc de transactions.
En clair, un logiciel de hashage transforme toutes les informations liées aux différentes transactions, en une simple suite de 64 caractères hexadécimaux ( chiffres de 0 à 16 et lettres de A à F) :
Ce hash par exemple, est la compression d’environ 3000 transactions Bitcoin sur la blockchain.
Ainsi, la Blockchain est constituée d’une suite de hash, qui représentent un ensemble de transactions.
C’est important de comprendre cela, car cela nous amène à la preuve de travail. Le travail du mineur, est de convertir un ensemble de transactions en un hash, comme présenté dans l’image juste au dessus.
Sha-256 : la preuve de travail de Bitcoin
Et pour réaliser cette opération, il a besoin d’une fonction de hashage, un algorithme appelé SHA-256, qui permet de convertir n’importe quelle quantité de données ( théoriquement limitée à des millions de Térabytes, beaucoup plus que ce que votre disque dur est capable de stocker ) en simple suite de 64 caractères hexadécimaux.
Cette fonction a deux avantages :
- Elle permet de compresser les informations pour réduire la taille globale de la blockchain
- Elle protège le contenu des blocs, car cette fonction fonctionne à sens unique
Pour résumer jusque là, imaginez un ensemble de personnes qui souhaitent faire un certain nombre de transactions sur le réseau Bitcoin. Ces transactions sont rassemblées en 1 bloc. Cette fonction de hashage décrite plus haut est capable de compresser et convertir toutes ces informations, pour obtenir cette suite de 64 caractères.
Ce processus de hashage, est précisément la preuve de travail dont nous parlons sur Bitcoin.
La force du cryptage de Bitcoin
L’algorithme cryptographique derrière cette fonction est l’algorithme de hachage SHA-256, dont le développement fut démarré dans les années 90 par la NSA aux états unis. Il est basé sur la construction de Merkle-Damgård, une construction algorithmique qui permet de transformer un message entrant de taille quelconque, en produisant une sortie de taille fixe, dans le cas du SHA-256, un hash de 256 bits.
Les avantages de cette méthode sont les suivants :
Il est presque impossible de trouver deux messages distincts qui produisent la même empreinte, le même hash. Ainsi, chaque bloc, peu importe son contenu, à condition qu’il est différent à chaque fois, produira un hash différent. Cela permet d’avoir des blocs relativement similaires ( un ensemble de transactions ), mais un hash totalement différent.
- Presque impossible de retrouver le message initial à partir du hash
L’effet avalanche de la fonction rend la transformation totalement aléatoire. L’effet avalanche en cryptographie a pour conséquence de modifier complètement le hash final, à partir du moment où une simple virgule est modifiée dans le message initial. Ainsi, il est impossible de connaître le contenu d’un message, lorsque l’on ne connaît que le hash.
Pour mesurer la puissance de ce hashage algorithmique, sachez que la NSA aux Etat-Unis utilise ce protocole pour protéger ses informations sensibles, et il n’a pas encore eu de cas officiel où quelqu’un a réussi à inverser un processus de hashage, c’est à dire obtenir un message initial depuis le hash final.
Mais qu’est ce que ça veut dire pour Bitcoin et sa sécurité, qu’il ne soit pas possible de faire machine arrière sur ce processus de hashage ?
La construction d’un bloc sur la Blockchain Bitcoin
Pour comprendre cela, il est important de comprendre comment est déterminé le hash d’un bloc de transactions sur la Blockchain.
Toutes ces informations peuvent paraître abstraites, voici donc un exemple concret de transaction sur Bitcoin, pour vous aider à comprendre.
Voici un exemple simplifié de fonction de hashage, pour déterminer un bloc sur Bitcoin. Imaginez dans le bloc du haut, les détails d’un bloc de transactions, avec toutes les opérations en attente :
Ainsi, dans le bloc sont contenus les informations relatives aux transactions à exécuter. Par simplification, j’ai uniquement rédigé quelques transactions, mais imaginez que chaque bloc sur la blockchain contient entre 3000 et 4000 transactions.
Dans tous les cas, peu importe le contenu du message initial, le résultat sera un hash de 64 caractères qui ne pèse que 256 bits. C’est la puissance du logiciel SHA – 256.
Vous pouvez vous amuser, comme moi, à créer n’importe quel hash, à l’adresse suivante.
Important : Si l’on modifie la moindre virgule du bloc du haut, le résultat en dessous sera complètement différent. Chaque virgule, lettre, point, n’importe quel caractère, modifiera complètement le résultat.
On en vient aux mineurs et à la notion de validation de blocs.
Parmi les mineurs, qui va empocher la récompense ? Quelle est concrètement la preuve de travail, que chaque mineur réalise ?
Comment valider un bloc sur la blockchain ?
Pour pouvoir valider un ensemble de transactions, et empocher la récompense, un mineur doit réaliser une tâche bien spécifique, soumise à certaines contraintes. C’est ce que l’on appelle communément la preuve de travail.
Objectif du mineur : Obtenir un hash valide, accepté par le code Bitcoin
Conditions d’acceptation : une structure de hash spécifique, directement liée à la « difficulté de minage », ou le « hashrate du réseau bitcoin ».
Dans le code de Bitcoin, il existe une fonction informatique qui détermine une condition de structure de hash, pour valider le prochain bloc. Ainsi, pour qu’un hash soit choisi pour un bloc donné, il y a certaines règles à respecter.
Dans mon exemple du dessus, sur l’image, on remarque que le hash commence par 00. Cela pourrait être la condition de validation. Pour obtenir cela, j’ai modifié la structure de mon message juste au dessus, par la fonction « Nonce« .
La fonction Nonce : la variable pour obtenir un hash valide
La fonction « Nonce » (Number Only Used Once), est un nombre arbitraire destiné à être utilisé une seule fois, indépendamment du message initial, afin d’en modifier le hash qui sera créé en résultat final.
Rappelez vous : il n’est pas possible de connaître à l’avance le résultat de compression du message initial. Pour avoir un hash spécifique, il faudra alors « essayer au hasard », ce que l’on appelle « l’attaque par force brute ».
Le mineur va alors modifier le chiffre qui représente la fonction « Nonce » dans le message initial, afin de tenter un maximum de possibilités de hash différentes en résultat final, jusqu’à que le hash corresponde aux critères établis par le code Bitcoin. C’est à ce moment là qu’il empoche les récompenses en Bitcoin.
Dans le code Bitcoin, une série de règles détermine quel format de hash peut être accepté, pour valider le Bloc. Par exemple, la règle pourrait être : « pour valider le bloc, et empocher les récompenses, le 1er mineur qui trouve un hash qui commence avec 00 l’emporte ».
Trouver un hash valide par attaque en force brute
Comme je l’expliquais plus haut, si vous modifiez un seul caractère du bloc du haut, le résultat en bas va changer. C’est ce que font les mineurs. Ils tentent toutes les combinaisons possibles, en modifiant uniquement la partie « Nonce« . Puisqu’il n’existe aucun moyen de déterminer à l’avance la correspondance entre texte initial et hash, la seule façon de trouver une réponse qui nous correspond, à savoir ici que le hash commence par 00, il faut donc essayer « au hasard ». C’est donc une méthode que l’on appelle « bruteforce« , connue par les hackers qui essaient de trouver un mot de passe.
Ici, l’ordinateur qui « mine » un bloc, essaie donc au hasard, des combinaisons différentes du « Nonce », afin de tester le résultat sous forme de hash. Tant que 00 n’apparaît pas dans le hash final, il recommence.
J’ai choisi comme règle 00 ici, comme conditions de validations du bloc, pour servir d’exemple, mais en réalité, le code Bitcoin a largement complexifié la règle. Actuellement, le code Bitcoin impose d’avoir 19 zéros dans le hash pour être considéré comme valide et empocher les récompenses.
La difficulté de minage
C’est ce que l’on appelle « difficulté de minage« . Plus il y a de mineurs sur le réseau, plus le code Bitcoin augmente la difficulté, afin que le temps de trouver la réponse, c’est à dire un hash valide, soit toujours plus ou moins égal à 10 minutes. Cela permet de régler comme une horloge l’émission de nouveaux Bitcoins, rappelez vous, qui sont distribués en récompense aux mineurs. Toutes les minutes, un montant fixe de Bitcoins est distribué aux mineurs.
Si demain, 90% des mineurs débranchaient subitement leurs machines, vous auriez alors individuellement beaucoup plus de chances de trouver une réponse valide, mais collectivement, la difficulté ajustable fait que la réponse serait toujours trouvée en environ 10 minutes.
Probabilité de trouver un hash valide selon la difficulté
Amusons avec les chiffres pour déterminer la probabilité de trouver une bonne réponse, selon les règles établies par le code Bitcoin.
Pour cela, petit rappel des règles du jeu : Le hash que l’on cherche est représenté par un code hexadécimal de 64 caractères. Le langage hexadécimal, quant à lui, est composé de 16 symboles représentant les 16 chiffres hexadécimaux : 0, 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, A, B, C, D, E et F.
Ainsi, chaque caractère qui va être généré aléatoirement, a individuellement 1 chance sur 16 d’être l’un de ces caractères.
Les règles de Bitcoin pour proposer une réponse valide concernent donc la présence de 0 au début de la suite.
Probabilité d’un 0 au début :
Pour que le 1er caractère soit un 0, j’ai 1 chance sur 16 donc, entre : 0, 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, A, B, C, D, E et F. Cela représente 1/16 * 100 = 6.25% de chance de tomber dessus.
Probabilité de deux 0 au début :
Pour que les deux 1ers caractères soient 00, j’ai 1 chance sur 16², soit 256. C’est peu, mais avec suffisamment de tentatives, je pourrais trouver une solution qui correspond aux règles, en quelques minutes. 1 / 256 * 100 = 0.39 % de chance.
On constate déjà que la probabilité baisse très vite.
Dans mon exemple ci dessus, j’ai du taper une suite de 8 chiffres sur la ligne « Nonce » pour avoir un résultat comprenant 00 au début. Cela ne m’a pris moins d’une minute, car à la main je peux essayer environ 3 ou 4 essais par seconde.
Probabilité de trois 0 au début :
Mais à partir de trois 0, la chance de tomber dessus au hasard est considérablement diminuée. La difficulté augmente de façon exponentielle. J’ai 1 chance sur 16^3, soit 4096, de tomber au hasard sur trois 0 au début de ma suite hexadécimale, soit 1/4096 * 100 = 0.0244 %.
Si je n’utilise pas la puissance d’un ordinateur, ça risque de me prendre beaucoup de temps pour trouver une réponse qui respecte la règle des trois 0.
Maintenant, intéressons nous à la difficulté du tout premier bloc jamais miné.
1er bloc miné par Satoshi Nakamoto en janvier 2009
Pour vous donner une idée, le 1er bloc qui fut miné contient un hash avec dix 0. Un ordinateur seul, était capable de trouver cette solution en 10 minutes. C’est l’ordinateur de Satoshi Nakamoto, premier mineur en date, à réaliser ces opérations. La probabilité de tomber sur une valeur avec dix zéros au début est de l’ordre de 16^10, soit 1099 511 627 776, soit plus de mille milliards.
Et depuis, la difficulté a complètement explosé. Elle est tellement grande actuellement qu’il est difficile de vous donner un ordre de grandeur mesurable.
La difficulté de minage actuelle en 2023 sur le réseau implique de trouver un hash qui commence avec 19 zéros. La probabilité de tomber dessus est de l’ordre de 16^19, soit une chance sur 75 557 863 725 914 323 419 136.
L’exemple ci dessous est le hash validé du dernier bloc miné en date, en mai 2023 :
Pour vous donner un ordre de grandeur de l’augmentation de la difficulté, Entre le 1er bloc avec dix 0 et le dernier en 2023 avec 19 zéros, il est 70 milliards (68 719 476 736 exactement) de fois plus difficile de trouver une réponse correcte !
L’ajustement de la difficulté de minage
Ainsi, depuis le minage du tout 1er bloc en 2009, la difficulté a progressivement augmenté, pour toujours coïncider en moyenne avec une réponse valide trouvée en 10 minutes. Voici un tableau récapitulatif de ces informations, ajustées en temps réel.
la probabilité de tomber sur 64 caractères, dont les 19 premiers sont des 0, en essayant au hasard, vous l’avez maintenant compris, est extrêmement faible. C’est pour cela que les mineurs s’équipent de machines extrêmement puissantes, afin de réaliser un maximum de tentatives chaque seconde.
Ainsi, le code de Bitcoin prévoit d’adapter la difficulté de tomber sur le bon hash, en fonction de la rapidité à laquelle les mineurs trouvent la réponse. Cela permet de toujours maintenir en moyenne un bloc créé en 10 minutes.
Attention : Ne pas confondre difficulté de minage, et le hashrate du réseau.
Difficulté de minage et hashrate de réseau
La difficulté représente la probabilité que vous avez, à votre premier essai, de tomber sur une valeur de hash qui correspond aux règles imposées par le code de Bitcoin et qui soit donc valide. Une difficulté de 48 T/h signifie que vous avez 1 chance sur 48 000 000 000 000 ( 48 millions de milliards ) de trouver un hash valide sur la première tentative. Cela diminue progressivement puisque vous éliminez les tentatives infructueuses à chaque essai. Cette difficulté se réinitialise à chaque fois qu’un bloc est trouvé, puisque l’on recommence à 0.
C’est pour cette raison notamment que les mineurs se rassemblent en « pools de minage », afin de concentrer leur probabilité de trouver un bloc valide, pour rassembler les récompenses, et lisser ainsi les revenus.
Les mineurs solitaires, quant à eux, jouent à une sorte de lotterie, car leur puissance de calcul à elle seule est une goutte d’eau dans l’océan des mineurs. C’est comme si pour un tirage au loto, d’un côté 90% des joueurs mettent leur ticket en commun dans un pot global géant, et répartissent ensuite les gains proportionnellement à l’investissement de chacun. Et quelques joueurs jouent seuls, de leur côté, avec leurs moyens. Il est très probable qu’avec cette méthode ils ne gagnent jamais rien, à l’image de nombreux joueurs de loto qui jouent toute leur vie sans jamais rien gagner.
Le hashrate, quant à lui, représente la totalité de la puissance du réseau, de toutes les machines allumées, à un instant précis. Le hashrate est représenté par la quantité de tentatives par secondes pour trouver un hash valide, de toutes les machines branchées au réseau Bitcoin.
Actuellement, le hashrate sur le réseau est de 322 Eh/s. Le chiffre en H/s ci dessous représente le nombre total de tentatives de hash par seconde, par l’ensemble des ordinateurs du réseau.
Le calcul par le logiciel Bitcoin pour déterminer si la difficulté doit augmenter ou non est relativement simple. Lorsque 2016 blocs sont minés, le logiciel fait l’opération suivante : le temps en minutes nécessaire pour miner ces derniers 2016 blocs, divisé par 20160 (cela représente pile 10 minutes pour 2016 blocs). Si le résultat est égal à 1, alors il a fallu exactement en moyenne 10 minutes pour trouver un hash valide sur les 14 derniers jours. En conséquence, la difficulté n’est pas modifiée.
Imaginons par exemple que les machines de minage n’ont pas mis en moyenne 20 160 minutes, mais un peu moins , environ 20 120 minutes. On retrouve ces données sur le tableau plus haut, représentatives de la rapidité de minage des derniers jours.
Le calcul 20 120 / 20 160 = 0.998 , soit 9.98 minutes. Cela nous indique que les ordinateurs ont été plus rapides sur les 14 derniers jours. En conséquence, il sera légèrement plus difficile pour les prochains 2016 blocs d’être minés, pour tendre à nouveau vers 10 minutes tout pile.
L’émission monétaire de Bitcoin par les récompenses de minage
Vous le savez désormais, chaque bloc miné créé automatiquement une petite quantité de Bitcoin, qui sont donc introduits dans l’économie via les récompenses de minage. L’objectif de Satoshi Nakamoto était donc de mettre en place une émission monétaire fixe, contrôlée, immuable et désinflationniste, c’est à dire qui diminue au fil du temps.
Lorsque l’on prend du recul sur le mode opératoire de Bitcoin, on constate que tout est réglé comme une horloge suisse. Bitcoin est incroyablement précis et fiable jusqu’à aujourd’hui.
Objectif monétaire final de Bitcoin : 21 millions de jetons. Pour y parvenir, une émission monétaire déflationniste, extrêmement précise. Tous les 210 000 blocs minés, le protocole divise automatiquement par 2 la quantité de récompenses. Cela correspond à environ 4 années. C’est ce que l’on appelle le halving.
On a déjà connu 3 halvings depuis la naissance de Bitcoin :
- 28 Novembre 2012 : de 50 à 25 bitcoins
- 9 Juillet 2016 : 25 à 12.5 bitcoins
- 11 Mai 2020 : de 12.5 à 6.25 bitcoins
Le prochain aura lieu normalement autour d’Avril 2024.
Voici un petit tableau récapitulatif de l’ensemble des halvings, avec leur récompense :
On constate donc que les derniers blocs minés, autour de l’année 2136, ne libéreront qu’un seul Satoshi, soit la plus petite unité de mesure de Bitcoin. A partir de là, il n’est plus possible de diviser par 2 la quantité de Bitcoin distribuée. Et ça tombe bien, on arrive tout pile à 21 millions de Bitcoins émis.
On comprend au passage que 21 millions n’est pas une somme arbitraire sortie au hasard par Satoshi Nakamoto. Elle n’est que la conséquence des récompenses de minages démarrant à 50 Bitcoins par bloc, puis divisé 32 fois par lui même, arrivant à 1 Satoshi.
Que se passe t’il lorsqu’il n’y a plus de récompenses pour les mineurs
De nombreuses spéculations sont émis vis à vis de la situation des mineurs lorsque ceux ci n’auront plus de récompenses via émission monétaire. Certains disent que le réseau pourrait mourir car les mineurs ne seraient plus récompensés pour leur travail de sécurisation du réseau. Mais Satoshi Nakamoto a une vision différente. Selon lui, si Bitcoin arrive à survivre jusqu’en 2136, cela signifie qu’il a été adopté par notre société, et qu’il est mondialement reconnu. Egalement, sa valeur aura probablement également énormément augmenté. Cela sous entend que si beaucoup de personnes utilisent le réseau, il y a donc des frais de transactions à récupérer. Si les mineurs, avec des machines puissantes, arrivent à valider un grand nombre de transactions, ils pourraient théoriquement se payer avec ces frais.
On sait également que la taille des blocs est un sujet brulant entre les membres de la communauté. Ne pas augmenter la taille des blocs signifie qu’on maintient un niveau de centralisation potentiellement plus élevé ( plus facile en termes de matériel pour faire tourner un nœud Bitcoin ), alors qu’augmenter la taille des nœuds, permettrait une meilleure scalabilité, décongestionnerait le réseau, mais centraliserait les nœuds (ceux cis étant plus coutant à faire tourner, car plus gourmand en matériel, cela limite les petits budgets à faire tourner un nœud).
Il est donc difficile d’anticiper comment le réseau va se transformer lorsque Bitcoin aura atteint sa masse monétaire maximum. Quoiqu’il en soit, peu de monde vivant actuellement connaîtra cette transition, laissons donc aux générations future la responsabilité de gérer cette situation particulière !
En attendant, si vous souhaitez en apprendre un peu plus sur les cryptomonnaies, et notamment les bases de l’investissement, voici un peu de lecture :
Comment se lancer dans l’investissement crypto