Savoir choisir un projet crypto solide dans lequel investir, c’est clairement difficile. Parmi les milliers de projets sur Coinmarketcap, et les centaines de vidéos Youtube qui annoncent le prochain « token to the moon », il est vraiment compliqué de s’y retrouver.
A travers cet article, je souhaite donc partage mon expérience, et proposer un guide simple, facile à comprendre, qui vous donnera une petite base solide pour vous aider à vous y retrouver dans cet océan d’informations.
Le but de cet article n’est pas de recommander tel ou tel projet. A l’inverse, je souhaite partager une façon de penser, de travailler, pour vous aider à développer votre propre esprit critique, votre capacité à déterminer vous même, sur quel projet investir.
Au lieu de suivre l’avis d’un influenceur, il est important de comprendre, selon vous, et seulement vous, pourquoi vous choisissez un projet plutôt qu’un autre.
Ainsi, l’idée de cet article est de vous aider à réaliser vos propres recherches, le fameux « DYOR » (Do Your Own Research).
Comme toujours sur ce site, je prône l’investissement plus long terme que court terme, car je considère cela beaucoup plus simple à mettre en place, et beaucoup plus sûr. Ce n’est que mon avis, mais je considère personnellement que plus l’on souhaite parier sur le court terme, des gains rapides, plus on s’approche de la loterie, du casino.
A la fin de cet article, vous comprendrez mieux comment faire pour bien choisir un projet crypto, et ainsi mettre toutes les chances de votre côté pour faire fructifier vos actifs sur le long terme.
Comment savoir dans quelle crypto investir ? Plongeons nous dans cette réflexion captivante.
Critères de sélection d’un projet crypto sur lequel investir
Pour vous aider à avoir une réflexion cohérente pour sélectionner vos projets, voici une structure de travail sur laquelle vous pouvez vous appuyer :
- Y’a t’il un besoin, dans le secteur d’activité choisi ? Ce secteur répond il à une problématique ?
- Y’a t’il des freins au développement de ce secteur d’activité ?
- La concurrence est elle forte dans ce secteur d’activité ?
- Le projet correspond il potentiellement à une réponse à ce besoin ?
Ces quatre questions permettent en un revers de main de balayer très rapidement certains projets crypto dont la valeur ajoutée sur le long terme est inexistante. Ainsi, pour ne citer qu’eux, l’ensemble des projets « meme coin » tels que Shiba, Doge coin, ou plus récemment, Pepe coin, devraient rapidement disparaître de votre stratégie d’investissement.
De retour à notre travail d’analyse, les quatre phrases évoquées nous permettent donc de mettre en place une analyse externe et interne.
Important : Il faut que vous compreniez très simplement la raison d’être du projet. Vous devez être capable de l’expliquer à votre petit frère de 10 ans, avec des mots simples. Cette méthodologie vous assure de bien cerner le projet, et de mesurer s’il répond bien à un besoin. Si vous ne comprenez pas du tout l’utilité d’un projet, peut être que sa raison d’être est opaque, et pas si indispensable.
Un projet sans réelle valeur ajoutée n’existera que par la pure spéculation, et et non une réelle utilité. Ainsi, la confiance en ce projet est extrêmement volatile, et il n’en faut pas beaucoup pour qu’elle disparaisse aussi vite qu’elle est arrivée.
C’est notamment ce que l’on constate sur les NFT à but uniquement de collection. La technologie sous jacente présente une réelle valeur ajoutée. L’image en elle même ? Purement spéculatif. Cette bulle considérable a gonflé en 2020 pour exploser quelques années plus tard.
Analyse externe
L’analyse externe va permettre de déterminer dans quel cadre, quel contexte, le projet étudié va évoluer. Il est important de bien comprendre l’environnement externe du projet, afin de mesurer si ce secteur a un avenir.
Dans cette analyse externe, on essaie donc de répondre aux deux premières questions évoquées en introduction.
Analyse du besoin initial et réponse à la problématique du secteur d’activité
La première fois que vous découvrez un projet, posez vous donc la question de l’environnement autour du projet, avant de zoomer sur le projet lui même.
Pour vous aider à mieux comprendre ma réflexion, nous allons prendre un exemple concret. Je vais utiliser le projet Chainlink comme exemple d’analyse de cas.
Quel est le secteur d’activité du projet étudié ?
Cela vous donne un cadre à analyser. Pour notre exemple, le secteur d’activité du projet Chainlink est ce que l’on appelle les Oracles. Qu’est ce que c’est ? Ce sont des projets dont l’objectif est de fournir des données appelées « off chain », c’est à dire hors blockchain, le monde extérieur, pour les fournir « on chain », dans les projets blockchain.
Pour simplifier, la plupart du temps un smart-contract effectue diverses actions prédéterminées sur sa blockchain (on-chain). Or, il y a parfois besoin de données qui ne sont pas connues à l’avance et/ou se trouvent off-chain. Cela peut concerner le prix d’un actif à l’instant T, le résultat de prochaines élections, le score d’un match sportif ou la météo qu’il fera tel jour précis par exemple.
Pourquoi cela change de ce que l’on connaît ? Car les informations peuvent venir de plusieurs sources, récompenser les acteurs qui jouent le jeu sur la qualité de l’information transmise, et tout cela de manière autonome et décentralisée grâce à la technologie blockchain.
Le secteur d’activité répond il à un besoin ?
Les oracles sont des acteurs indispensables aux fonctionnements des blockchain. Elles sont incapables d’elles mêmes d’obtenir toutes les informations nécessaires à leur bon fonctionnement. Par exemple, imaginons un protocole d’assurance décentralisé, qui pourrait de manière autonome indemniser des agriculteurs lors de sinistres.
D’un côté, Accuweather par exemple, un fournisseur d’informations météo, fournit toutes les infos à Chainlink. Il est rémunéré pour cela.
Chainlink, avec ces smart contracts, gère et redistribue ces informations, sur la blockchain, selon les projets qui sont intéressés. Ici, le protocole d’assurance décentralisé, qui a besoin de connaître les conditions météo, pour indemniser ses clients.
Cet exemple, n’est qu’un parmi des centaines d’applications des services d’oracles pour les besoins de la blockchain.
On comprend donc bien à quel point le secteur d’activité de l’oracle répond à un besoin concret, et qui a beaucoup de potentiel dans un avenir proche.
Lorsque vous analysez un projet, posez donc vous la même question que pour le projet Chainlink présenté.
Identifiez clairement le besoin auquel répond le secteur d’activité
Ce secteur d’activité a t’il de l’avenir ?
A partir du moment où le besoin est déterminé, il est important de mesurer s’il est valorisable, c’est à dire si l’on peut le monétiser, de manière durable. Cela signifie, pour notre exemple Chainlink, de comprendre si son business model est viable sur le long terme.
L’idée de cette réflexion est par exemple de se dire, les commerçants de lecteur DVD ont il un avenir à moyen long terme ? Dans ce cas là, on comprend rapidement que ce secteur n’est plus un domaine à potentiel à l’avenir, mis à part pour la collection, comme nous pouvons le constater pour les vinyles.
Pour notre exemple Chainlink : Il n’y a pas d’autre alternative que des solutions oracles pour aller chercher l’information off chain. En d’autres termes, le besoin est indispensable à la survie de l’ensemble des projets basés sur les contrats intelligents. Ethereum, par exemple, ne pourrait pas survivre sans un oracle.
On peut donc supposer que Ethereum est prêt à payer le prix pour obtenir les informations indispensables au fonctionnement de ses smart contracts, ce qui rend viable le business model de Chainlink.
Lorsque vous analysez un projet, penchez vous donc sur la cohérence de son fonctionnement sur le long terme. Pour que ses tokens prennent de la valeur dans le temps, il faut donc que sa valeur ajoutée soit justifiée.
Avant d’acheter des jetons, mettez vous à la place de potentiels acheteurs de ces jetons dans plusieurs années. Comment vendrez vous ces jetons, si vous deviez vendre le projet sous jacent ?
Dans le cas de Chainlink, on imagine donc un futur avec de plus en plus de projets basés sur les smart contracts utilisant les données off chain proposées par Chainlink. On peut donc supposer que le projet a de l’avenir, et que vous pourriez revendre plus cher les jetons achetés aujourd’hui à un certain prix.
La concurrence dans ce secteur d’activité
Lorsque vous analysez un projet, la concurrence est de toute logique capitale à prendre en compte. L’avantage de nombreux projets crypto actuellement, c’est qu’ils sont plus ou moins les premiers à proposer leurs services. Puisque nous sommes sur un secteur global en plein boom, nous assistons à l’explosion de nombreux acteurs un peu partout.
Ainsi, il est souvent difficile de se dire, « ce marché est complètement saturé, aucune chance d’y rentrer ». Toutefois, il est quand même important de se poser la question.
Le projet analysé est il leader dans son secteur ? Quels sont les concurrents ? En quoi se différencie t’il ?
Bien souvent, le premier arrivé dans un domaine, s’il a une équipe somme toute compétente, dispose d’un avantage considérable pour se développer et se maintenir.
Puisqu’il est premier dans un secteur, il va ainsi récolter les fruits malgré certaines erreurs et imprécisions. Dans un secteur saturé, la moindre erreur peut être fatale, puisque le consommateur / client a l’embarras du choix.
A partir de là, si ce projet continue de se développer sérieusement, il a de fortes chances de profiter d’un effet boule de neige, et se rendre leader incontesté d’un secteur d’activité.
Dans l’exemple de Chainlink, c’est tout simplement le leader incontesté de ce domaine, et également le premier venu. Si cela vous intéresse, voilà un article qui compare Chainlink avec ses prétendants au titre d’oracle n*1.
Pour vous résumer la domination de Chainlink sur ce secteur, dites vous qu’ils possèdent 22 fois plus de partenariats avec des fournisseurs d’informations off chain, que les 4 premiers compétiteurs direct réunis.
Contraintes environnementales, politiques et légales
Lorsque vous avez analysé avec précision le secteur d’activité sur le plan commercial, il est intéressant de se pencher sur les contraintes environnementales, politiques et légales.
Par exemple, on pourrait se méfier d’un nouveau projet basé sur le « proof of work », le consensus de Bitcoin notamment, connu pour sa consommation énergétique. Cela se justifie par Bitcoin du fait qu’il soit le 1er projet, avec un but différent, mais de plus en plus de contraintes environnementales donc légales vont potentiellement peser sur les nouveaux projets à haute consommation électrique.
Chainlink, de son côté, fonctionne sur un consensus de Proof of Stake, moins énergivore. On suppose donc qu’il sera moins dans le collimateur de régulateurs.
Pour l’analyse de votre projet, analysez dans la mesure du possible tout ce qui pourrait, à moyen long terme mettre des bâtons dans les roues du développement du projet.
Si vous suivez l’actualité, on constate notamment aux Etats-Unis un durcissement du cadre légal pour de nombreuses entreprises crypto, par la SEC (Securities and Exchange Commission) , ce qui vient inévitablement perturber la croissance de certains projets.
Certains doivent fermer les portes, ou bien engager de nombreux frais afin de répondre aux nouvelles normes légales. Cela implique donc que ces projets doivent retarder leur développement normal, par un remaniement de leurs priorités. Ces facteurs sont donc potentiellement à prendre en compte lorsque vous investissez sur un projet.
C’est notamment le cas de Unbanked, Une plateforme d’échange américaine, qui a fermé ses portes le 25 Mai 2023. De toute logique, le jeton natif de la plateforme a brutalement chuté en prix.
Il est important de comprendre que, même si de nombreux projets semblent décentralisés, si la majeure partie des opérations dépend d’une structure mère, alors celle ci est soumise aux régulations du pays en question.
Conclusion sur l’analyse externe d’un projet crypto
Une fois que vous avez réalisé cette analyse externe, vous devez avoir une idée précise de l’environnement dans lequel le projet évolue. Vous devez donc être capable de mesurer les contraintes et opportunités que cet environnement peut proposer, à court comme à long terme.
Le secteur d’activité doit être épluché pour bien en mesurer la place dans l’environnement crypto plus global.
Analyse interne
L’analyse interne, quant à elle, repose donc sur l’analyse du projet lui même. Si votre analyse externe a bien été réalisée, vous devez arriver à l’analyse interne, en vous demandant :
Il existe des opportunités dans le secteur analysé. Le projet étudié a t-il des chances de devenir un acteur majeur dans ce secteur?
Analyse de la proposition de valeur du projet
En partant du principe que le secteur d’activité a du potentiel, vous zoomez un peu plus votre analyse au projet lui même. Dans sa proposition de valeur, vous vous demandez s’il peut se démarquer de ses concurrents. Précédemment, vous vous êtes renseigné sur les concurrents. Qui pourrait faire mieux, et pourquoi. Maintenant, concentrez vous sur le projet.
- Pourquoi est il mieux que les autres concurrents ?
- Était il présent avant ?
- Dispose t’il d’un avantage considérable pour une raison ou une autre ?
- Lorsque vous vous renseignez sur les différents projets de ce secteur, pourquoi choisissez plutôt ce projet qu’un autre ?
- Quelles sont les raisons qui vous ferait hésiter à acheter des tokens de ce projet crypto ?
Cette réflexion vous pousse à trouver objectivement des raisons de ne pas aimer ce projet. Tout projet possède des forces, mais aussi des faiblesses.
S’il n’en a pas, c’est qu’elles sont trop bien cachées, c’est donc suspect. Essayez de passer outre le marketing de ce projet, qui vous donnera probablement la fausse impression qu’il n’a aucun aspect négatif.
Vous forcer à chercher également les faiblesses d’un projet vous aidera à prendre des décisions plus objectives, et moins biaisées.
La première chose à lire lorsque vous vous renseignez sur un projet, c’est le « white paper ». Le livre blanc, c’est la présentation d’un projet, avec la définition de la raison d’être. Après l’avoir lu, vous devez comprendre pourquoi le projet veut exister. A quel besoin il répond.
Le meilleur exemple n’est autre que le white paper de Bitcoin lui même, qui ne fait que 10 pages :
Analyse de l’équipe derrière le projet
Lorsque vous analysez un projet, il est capital de se renseigner sur l’équipe derrière le projet. Premièrement, il est important que l’équipe soit publique. Si cette dernière a volontairement fait le choix de masquer les identités, des questions se soulèvent forcément.
Si Bitcoin a réussi ce pari, car personne ne sait qui se cache derrière Satoshi Nakamoto, c’est bel et bien la seule exception qui confirme cette règle.
L’équipe est elle publique ?
Posez vous la question : Pourquoi l’équipe souhaite elle rester anonyme ? Pourrait elle être en train de travailler sur quelque chose qu’elle n’assume pas ?
L’extrême majorité des projets cryptos décide d’opter pour un maximum de transparence vis à vis de leurs opérations. C’est un gage de confiance vis à vis des investisseurs. On constate notamment de nombreux projets « open source », c’est à dire que le code informatique du projet est accessible en libre accès sur internet, permettant à n’importe qui d’en vérifier le coeur.
Pour faire simple, fuyez les projets dont les noms des développeurs ne sont pas publics.
Quel est le background de l’équipe
Lorsque vous découvrez un projet, et son équipe, renseignez vous sur le parcours de chaque membre de l’équipe. Il est important de comprendre la cohérence de leur carrière.
Imaginez bien, un fondateur d’un projet dont le background n’est pas lié au domaine d’activité soulève des questions.
Dans notre exemple de Chainlink, Sergey Nazarov, fondateur et PDG, et Steve Ellis, cofondateur et directeur technique de Chainlink, sont à la tête de cette équipe. Sergey est un vétéran de l’industrie, ayant été impliqué dans l’espace blockchain depuis ses débuts. Ellis quant à lui a commencé sa carrière en tant qu’ingénieur logiciel. Il a travaillé chez Pivotal Labs de juillet 2010 à mars 2013. Pendant cette période, il a travaillé sur divers projets d’ingénierie en mettant l’accent sur la programmation extrême, une méthodologie de développement de logiciels qui se concentre sur la livraison rapide de petits incréments de logiciels fonctionnels.
Lorsque l’on analyse le parcours de ces deux personnes, on peut donc se dire qu’ils ont le background nécessaire à la réalisation d’un projet solide. Cela ne veut pas dire que le projet fonctionnera à coup sûr, mais en tout cas cela en est un atout indispensable.
Ainsi, pour savoir dans quelle crypto investir, vous devez savoir à qui vous faites confiance pour l’investissement de votre argent.
Analyse de la tokenomic du jeton
La tokenomic d’un projet représente la science, l’étude du comportement d’un
jeton dans le futur. Autrement dit, cela concerne les différents points ci dessous :
Les mécanismes d’émission et de suppression du token
En quelles quantité le jeton est il émis ? Quel est le rythme d’inflation de celui ci ? Un jeton légèrement inflationniste, c’est à dire dont il y a une légère création, permet donc d’inciter les premiers investisseurs ou utilisateur du réseau à venir et utiliser le réseau. Très souvent, on récompense les investisseurs qui bloquent leurs jetons sur la plateforme, notamment dans le cas du « proof of stake ». Trop peu d’inflation risque de ne pas attirer de nouveaux investisseurs, et trop d’inflation risque de trop dévaluer la valeur de ce jeton.
De nombreux projets ont recours à un mécanisme de burn de jeton, c’est à dire tout simplement la suppression d’une partie de la masse monétaire. C’est notamment le cas d’Ethereum, qui a mis cela en place lorsque le protocole est passé du « proof of work » au « proof of stake ».
Ainsi, pour chaque transaction réalisée sur le réseau, une petite partie des frais qui était précédemment dédiée aux mineurs, est désormais envoyée sur un portefeuille inaccessible, rendant donc ces jetons inutilisables de manière permanente. Cela réduit l’offre en circulation, ce qui est une bonne chose pour les investisseurs.
Lorsque vous vous intéressez à un projet, renseignez donc vous sur la création monétaire du jeton natif.
Fuyez les projets dont l’inflation est immense.
Voici un exemple concret pour vous éviter de nombreuses déconvenues. Le projet Elrond, désormais renommé MultiversX, a sorti un nouveau jeton, le MEX, en 2021.
Officiellement, ce jeton est supposé servir de jeton de gouvernance, et permet également d’accéder au launchpad d’Elrond, pour miser sur de nouveaux projets.
Lorsque l’on lit entre les lignes, on comprend très vite que ce projet MEX a pour principal objectif d’inciter les utilisateurs à fournir des liquidités au projet global MultiversX.
Comment attirer les investisseurs ? Avec des retours sur investissement indécents. Comme vous pouvez le constater sur cette image, voici les différents APY (Rendement annuel) lorsque vous bloquez des jetons sur la plateforme :

- 524 %
- 2681 %
- 1854 %
Théoriquement, avec ces valeurs, vous multipliez par plus de 10 votre investissement initial, chaque année. Est ce raisonnable de penser que cela n’a aucun sens ? Explications.
L’inflation démesurée du jeton MEX
Au premier regard, on se dit que l’on va gagner beaucoup d’argent, et qu’on est juste au bon endroit, au bon moment. Lorsque l’on prend du recul pour comprendre ce qu’il se passe, on réalise que la vérité est bien différente.
Prenez bien note que lorsque l’on vous promet un retour sur investissement aussi fort, cela signifie qu’une quantité astronomique de jetons va être émise. Des récompenses aussi élevées ne peuvent bien évidemment pas provenir des frais de transaction de la plateforme.
Concrètement, vous gagnez énormément de jetons en récompense de votre investissement. Mais vous gagnez des jetons MEX, qui n’ont pas de réelle valeur intrinsèque. En conséquence, plus de jetons MEX sont émis, plus la valeur de chaque jeton est diluée. Donc si vous possédez 10x plus de jetons au bout d’un an, il valent plus ou moins tous 10x moins.
Lorsque autant de jetons sont distribués, quel est le premier réflexe de tous ces investisseurs ?
Vendre leurs jetons afin d’en tirer un bénéfice.
Qui va donc pouvoir acheter autant de jetons, pour compenser ces ventes massives ? Pas grand monde. Puisque la valeur ajoutée du jeton est discutable, on se retrouve dans une situation où pas grand monde souhaite acheter, et tout le monde souhaite vendre. En conséquence, le prix du jeton dégringole.

Notez bien que cette chute inexorable intervient alors bien même que les développeurs du projet mettent absolument tout en place pour essayer de retenir les investisseurs, en bloquant les jetons notamment, en retour d’encore plus de récompense.
Ainsi, cette chute intervient alors même que la majorité des jetons est encore bloquée sur la plateforme. A chaque palier de déblocage, de nombreux tokens sont donc mis en vente, ajoutant ainsi encore plus de pression à la baisse.
Conclusion sur l’émission d’un jeton
Que retenir de tout ça ? Lorsque vous constatez un rendement élevé sur un placement spécifique de jeton, voyez plutôt cela comme une inflation élevée. Pour distribuer autant de jetons, ils vont donc être crées à partir de rien. En clair, si vous disposez de dix fois plus d’un jeton après un an, mais que la valeur ajoutée de ce projet n’a pas changé, alors la valeur de chaque jeton a au mieux été divisée par 10.
Pour ne serait ce que maintenir le prix d’un actif dont l’inflation est de 1000% sur un an, il faut donc qu’il y ait 10x plus d’acheteurs que de vendeurs d’ici la fin de l’année, pour compenser cette création monétaire énorme. Malheureusement, dans la réalité du MEX, malgré toutes les récompenses pour vous inciter à bloquer le jeton encore plus de temps et éviter de le vendre, la pression à la vente reste immense.
Fuyez ces projets
Une émission saine de jeton est donc progressive, cohérente, et durable. Pour le projet Chainlink par exemple, vous pouvez bénéficier d’un rendement de staking autour de 4.75 % . Des chiffres beaucoup plus sains, et justifiés par l’activité sur le réseau.
L’intérêt grandissant des utilisateurs et investisseurs sur Chainlink provoquera probablement à l’avenir une demande plus forte que cette émission de 4 %, ce qui nous pousse à croire en une valorisation de vos jetons sur le long terme.
A qui a été distribué le token, en quelles proportions
La prochaine analyse intéressante à faire sur un projet et son jeton correspond à la répartition de la distribution. Pourquoi est ce important ? Car si un nouveau jeton est émis, et que la majorité des jetons appartient aux créateurs, on se retrouve dans une situation où l’on est extrêmement dépendant des fais et gestes d’une poignée de personnes. La centralisation des jetons offre un pouvoir énorme pour ces gens.
S’ils décidaient du jour au lendemain de vendre l’ensemble de leur jetons, pour prendre un profit, et disparaître, la pression à la vente serait si forte que cela détruirait probablement le prix, ainsi que le projet dans son ensemble.
Voici quelques exemples de distribution de jetons, sur 5 projets connus :
On constate ici que la proportion des jetons distribuée à l’équipe ne dépasse pas les 38%, et se situe plutôt entre 1/4 et 1/3 du total. Il est toutefois quand même important que l’équipe dispose d’un minimum de moyens pour continuer à développer le projet.
Dans les projets où la part des jetons de l’équipe est importante (+ de 20%), il est important de comprendre comment ceux cis vont êtres utilisés. Dans le cas de Chainlink par exemple, 30 % des jetons ont été conservés par l’équipe. Ils sont lentement et progressivement vendus pour financer les nouveaux projets et la continuité du développement. Actuellement, il ont vendu 5% en quelques années de développement.
C’est donc une façon saine de gérer le jeton, ce qui doit rassurer les investisseurs.
L’offre en circulation vs la market cap diluée
Un autre indicateur important à comprendre lorsque l’on analyse la tokenomic d’un jeton, c’est la market cap, sous différentes formes.
La market cap, vous le savez probablement, représente la valeur totale de l’ensemble des jetons en circulation à un instant T. Elle se calcule simplement en multipliant la valeur du jeton, par la quantité en circulation.
Pour Chainlink, en 2023, cela représente environ 3 milliards de $ :

Ensuite, vient une autre information, capitale à prendre en compte : la « fully diluted market cap« .
Cela représente la valeur totale du projet, représentée par l’ensemble des jetons déjà émis, plus ceux qui seront émis par le futur.

Pour le projet Chainlink, l’offre totale d’émission est de 1 milliard de jetons. Actuellement, 51 % des jetons ont déjà été distribués, soit environ 517 millions. Il manque donc 49 % de ces jetons.
Pourquoi est ce important
Cette valeur est importante car cela représente l’inflation du jeton. Comme nous l’avons analysé plus haut sur le jeton MEX, l’inflation d’un jeton est un facteur absolument majeur qui influencera le prix de celui ci dans le futur.
Comment interpréter ces données ?
Lorsqu’un projet est créé, l’ensemble des jetons ne sera pas distribué directement. Comme nous l’avons vu plus haut, une base sera distribuée entre l’équipe, les premiers investisseurs, des airdrops, etc…
Et pour inciter d’autres investisseurs à venir au fur et à mesure, une légère inflation permet donc d’attirer de nouvelles personnes. Cela se fait notamment par le staking.
Il est donc important de comprendre qu’un projet dont la majorité des jetons n’est pas encore distribué, va potentiellement diluer sa valeur. Il faut donc absolument se renseigner sur la façon / le rythme sur lequel ils vont être distribués.
La première chose à faire lorsque vous analysez un projet est donc de regarder la quantité de jetons à émettre. Pour Chainlink, c’est donc 49 %.
Ensuite, il faut analyser le rythme sur lequel ces jetons sont émis. S’ils sont émis en 1 an , cela représente donc une inflation de 100%, c’est donc énorme !
S’ils sont émis sur 10 ans, cela correspond donc à une inflation de 10 %, ce qui est beaucoup plus progressif.
Cela permet au projet de grossir doucement, trouver un équilibre entre émission monétaire / récompense pour les détenteurs, sans bruler les étapes.
La plupart du temps, l’émission de jetons d’un projet est forte au début, puis diminue progressivement au fil du temps. C’est notamment le cas d’Ethereum par exemple, où l’inflation est actuellement négative ! Cela signifie que l’offre en circulation diminue progressivement, au fur et à mesure que des jetons sont « brulés » lors des transactions sur le réseau( une partie des frais de transactions vont directement sur un portefeuille inaccessible à jamais, on parle donc de « burn de token »). Cela est vérifiable car vous le savez, la blockchain est publique.
Ce mécanisme de « déflation » favorise donc la valorisation de la valeur du jeton sur le long terme. Si la demande pour ce jeton est constante dans le temps, mais qu’il existe de moins en moins de jetons en circulation, alors le prix va naturellement augmenter.
Pour résumer ce paragraphe, voici ce qu’il faut retenir :
- Lorsque vous analysez un projet, surveillez l’offre maximale de jetons ( fully diluted market cap )
- En fonction de la proportion de jetons encore à émettre, surveillez comment, et sur quel rythme ces jetons vont être émis
- Trouvez un projet équilibré en termes d’inflation sur la durée
Les incitations à conserver le jeton
Dernier point important à comprendre sur le sujet de la tokenomics, c’est l’intérêt à conserver un jeton, plutôt que de le vendre. Ce point détermine donc si sur le long terme, le marché est plutôt vendeur, ou acheteur.
Lorsque vous achetez un token, posez vous la question :
Qu’est ce qui motiverai un acheteur à vous racheter ces jetons plus cher que ce que vous avez payé vous même ?
Si vous ne trouvez pas de réponse à cette question, peut être que le projet en question n’a pas vraiment de valeur. Dans le cas du MEX évoqué plus haut, on peut se poser la question ! Puisque les jetons n’existent principalement que parce que ce sont des « récompenses », personne n’a vraiment envie d’en acheter.
Pour les projets un peu plus sérieux, voici des exemples d’incitations à vouloir conserver un jeton dans le temps :
- Une légère inflation, qui rémunère les détenteurs, attire donc les investisseurs à bloquer de l’argent
- Un jeton de gouvernance, qui vous donne le droit de participer aux votes, aux différentes orientations stratégiques d’un projet
- La possibilité de participer à un Launchpad (ex : Jeton de Binance, le BNB ), c’est à dire à l’investissement sur de nouveaux projets à pontentiel
- Sécuriser le réseau, notamment par le staking, et ainsi récupérer une commission sur les frais de transaction
La liste est longue, et chaque projet est différent. L’important pour vous, est de déterminer une vrai valeur ajoutée au fait de conserver des jetons, au delà de la simple spéculation sur sa valorisation dans le temps.
Conclusion sur l’analyse de projets crypto pour investir
L’investissement en cryptomonnaie n’est pas une science exacte. Malheureusement, il existera toujours des projets pour lesquels tous les voyants étaient au vert, et pourtant ils n’ont pas tenu leur promesse.
Toutefois, l’idée de cette stratégie n’est pas d’avoir toujours tout juste, mais plutôt de trouver une majorité de projets à succès. Car parmi ces projets, peut être que les rendements de certains d’entre eux seront très élevés. Et cela compensera largement ceux qui n’ont pas réellement décollé.
Alors oui, vous ferez des erreurs, oui vous vous tromperez. Mais à l’image d’un trader pro à succès, l’objectif n’est pas d’avoir 100% des trades positifs. Seulement plus de gains que de pertes.
L’objectif dans tout ça, c’est le long terme. Une méthodologie carrée vous amènera à un taux de réussite positif sur le long terme.
Individuellement, chaque projet peut être influencé par de nombreux facteurs que vous ne pouvez pas maitriser. Imaginez un projet pour lequel les fondateurs ont une énorme dispute, et décident de tout arrêter. Malgré toutes vos recherches, il était impossible d’anticiper une telle chose.
Mais plus vous vous appliquez à avoir une méthode rigoureuse, sur le long terme, plus cet exemple ne sera qu’une exception à la règle. Un peu à l’image d’un joueur de poker professionnel, qui est obligé de composer avec des faits du hasard, parfois de malchance.
Sur une partie, il pourrait perdre contre un débutant. Sur 1000 parties, il est inconcevable de penser qu’il ne gagnerait pas la majorité de ces parties.
Pour votre analyse de projets cryptos, c’est la même logique. Des faits imprévisibles peuvent vous faire perdre de l’argent sur un projet. Mais si votre process est méthodique, et bien réalisé, vous gagnerez la plupart du temps.
Cela requiert de la patience, du travail, de la méthode. Comme toujours sur ce site, j’encourage mes lecteurs à apprendre, continuellement se former, découvrir de nouvelles choses.
Ne considérez jamais que vous en avec appris suffisamment
Ainsi, soyez curieux, lisez, écoutez des podcasts, regardez des vidéos, variez vos sources autant que possible. Je vous souhaite plein de réussite pour votre aventure !
Pour vous aider à vous lancer dans la crypto, voici un guide complet ici :